lundi, août 15, 2005

Les Ordis sont des cons



J'ai toujours été intrigué par les créations aléatoires faites par des ordinateurs - l'aspect papiers-collés, limite patchwork. Le registre s'étend des parties de jeux divers, type Ages of Empire, aux blog fantômes, type celui-ci ou celui-là, compilation de mots d'appels, de pourcentages de recherche et autres conneries. Disposant de très peu de connaissances en programmation, je me dis qu'il doit y avoir une matrice, ou une sorte de moteur, à l'origine du phénomène. On lui file des infos et il se lance, comme tout le monde.

En elles-mêmes, ces créations ne sont probablement pas un mal : ça pourrait être un apport comme mille autres. Le vrai problème, en fait, c'est simplement leur manque d'originalité : malgré l'aspect aléatoire, cela reste d'abord issu d'une répétition, d'un déjà vu. C'est juste con - trop plat, trop fade. Cela rappelle la déjà vieille antienne : un programme est incapable de dire si un tableau est beau ou laid, voire même d'y reconnaitre une prétention artistique.



L'intelligence, ce n'est pas que de la combinatoire. Si l'informatique permet aujourd'hui de faire des logiciels battant un champion du monde d'échecs ou de dames, précisément par la seule combinatoire (le dernier en date porté à ma connaissance s'appelait Fritz X3D) ; certains autres jeux de réflexion résistent encore totalement à la programmation. Par exemple, le jeu de Go : vous trouverez ici, et un petit résumé de la question. Pour faire bref, disons que le meilleur programme de go correspond au niveau d'un joueur faible ou très très moyen - incapable de décider en tout cas une séquence sur le long terme. L'ordi ne sait que répéter et le go ne se répète jamais : il nécessite une adaptation - et donc une innovation - perpétuelle. Ce qui manque en réalité à la bestiole, c'est alors le sens de l'évaluation intuitive, le sens du stratégique et de la valeur.

De fait, la satisfaction qui apparait au terme d'une partie de go s'apparente à la satisfaction d'un lecture, non à la résolution d'une addition. Tentez voir sur KGS : ça rend heureux. Vous y croiserez en outre vraisemblablement un joueur médiocre et infatiguable : Gnugnubot est le jeune espoir au go de l'informatique.



Aujourd'hui, un lien un peu spécial, la lecture de l'incipit d'un livre de Kawabata, justement consacré au go : Le Maître ou le tournoi de Go. Tchao.