jeudi, août 25, 2005

Pleins d'images



On trouve souvent une rupture flagrante dans les arts narratifs (cinéma, Bd, romans, etc...) entre le fond et la forme. En Europe, nombre de dessinateurs de BD ont ainsi une patte magnifique, qui reste condamnée à être ligotée par des histoires maison de petits bras. Les rares exceptions s'en tirent souvent avec l'aide de Pierre ou Paul - lesquels scénaristes sont de toute façon encore plus rares. Peu d'indépendance à plein rendement, au final. Pour un Hergé, pour un Franquin (qui d'ailleurs s'inspirait pas mal chez Delporte ou Jidéhem, je crois...), combien de navets parcourus, épuisés, essorés, en 15mn chrono?

Davodeau fait partie des rares rescapés bien autonomes. Son dessin tient la route (c'est vrai que ça pêche parfois par là chez certains - en aparté, on entend : Menu de l'Association! Menu de l'Association!) et ses histoires sont MA-GNI-FIQUES. Je viens de me balancer coup sur coup 3 albums et tous sont époustouflants : Chute de Vélo, Le Réflexe de survie, Ceux qui t'aiment...



C'est un raconteur, plus qu'un styliste. Il a de grands moments, notamment dans ses cases silencieuses (les "blancs" d'un dialogue, par exemple) ; mais c'est d'abord la proximité qu'il crée avec ses personnages qui épate. Il tient ses paumés, ses flics ou ses vieux avec une densité chaque fois ahurissante. La comédie de moeurs avance généralement de pair avec une histoire solide, souvent polar ou dramatique : Quelques jours avec un menteur, dont sont extraites les deux planches qui suivent, est un incontournable.




Il s'attaque à tout : milieu du foot, trafic de télévisions ou vacances de famille... Le zigue a même commis un album en forme de reportage journalistique avec notre Bové national ; ça s'appelle Rural. Ce n'est pas son meilleur opus, mais l'objet est assez surprenant, catégorie ODNI. C'est plutôt militant, ça reste très crédible, très ouvert à un néophyte ou un indifférent. A mon avis, c'était un peu le bout du chemin, la limite à trouver. Je crois qu'il est reparti depuis sur de la BD plus classique. A suivre.

Je vous refile en lien une petite interview bien foutue : vous ferez votre idée par vous-mêmes.

Côté Zic, mes Dieux du moment, moitié sympho-rock, moitié marche mortuaire : Godspeed You Black Imperor, avec le morceau "Rockets Fall on Rockets Fall", que l'on peut trouver sur l'album Yanqui U.X.O., disponible ici. C'est violent, noir, on dirait Orphée en marche.