samedi, novembre 26, 2005

le piano et la loi des séries

Ce n'est pas pour me vanter, mais ces temps-ci, je me suis remis au piano.



J'ai en effet eu la chance de tomber sur une compil de Earl Wild, qui m'a conquis dès le premier morceau. La dite compil est sortie dans une grande série parue autour de l'an 2000, qui se nommait à ce propos "Les Grands Pianistes du XXème siècle" et n'est d'ailleurs quasiment plus rééditée aujourd'hui - le titre de la série fait un peu ronflant, mais la plupart des albums qu'ils ont su construire illustrent admirablement la formule.

Earl Wild est un musicien un peu à part, une espèce de génie de la transcription pour piano. Cela a toujours été une tradition de se repiquer des plans d'un pingouin à l'autre - ajouts, emprunts de contrebande et variations diverses ; mais l'adaptation pure et dure est restée un exercice relativement peu prisé. Liszt et Rachmaninov s'étaient penchés sur le sujet, à leurs moments. Wild les a repris dans le détail. C'est pas mal aussi.

Sur les variations et emprunts, je retrouve actuellement cette curieuse loi des séries, qui veut que tout nouvel ouvrage parcouru trouve aussitôt des résonnances dans les quatorze bouquins le précédant. J'ai eu droit il y a quelques mois à une succession involontaire (et relativement pénible) de trames autour du saint-Graal (Da Vinci code naturellement, suivi du Iacobus et du Cercle magique de Neville, plus quelques 10/18 policiers). Me revoilà ces derniers temps aux prises avec un même bégaiement à propos du Masque de fer, commencé avec le médiocre film du même nom trimballant notre Depardiou national, poursuivi en littérature avec le dernier Dieudonné Langlet de Bouin, un Voltaire historien et le troisième tome des aventures du Comte d'Espalungue, côté Montheillet. Chacun y va au passage derechef de sa réponse : c'est une femme, un frère caché du roi, un valet d'ambassadeur, ou encore un agent double passé au triple...



Le pire est que ces séries n'apparaissent qu'a posteriori, tandis que nos lectures ne se croisent que par hasard ou au mieux, par opportunité (j'avais par exemple longtemps cherché ce nouvel ouvrage de Philippe Bouin, qui avait fait chez Hamy de très bons polars, avant de passer en loucedé au Masque et je n'ai découvert son livre que par chance). Ces coïncidences ne paraissent probables, voire inévitables, qu'une fois que nous les avons rencontrées. Trop tard, en somme.

Faites mon Dieu que j'échappe encore quelques temps aux turqueries et autres razzias sur la lointaine Stamboul !! Ne me refaites pas traverser une énième fois la guerre d'Espagne et la chute de Madrid !