dimanche, novembre 20, 2005

A le recherche des élites



Un article assez rigolo d'Interprétations diverses comparait les audiobidules à des machines à Hype... C'est possible (et sans doute regrettable, en fait). Le Hype, le dandysme aussi sont les facettes d'un même héritage : le mépris de la masse, l'horreur pour la démocratie et surtout pour l'égalité. La recherche de l'élégance, de la rareté, de l'idéal qui hantait le XIXème en trimballait déjà les fondamentaux. La vraie question, c'est en fait une histoire de niveau : s'agit-il de se distinguer ou bien de se rendre supérieur?

Le vieux Platon avait balancé quelques réflexions sur le sujet il y a déjà 2300 ans. Lesquelles idées ressemblaient à cela (c'est Platon qui attaque) :

« N'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière ?

- Quel bien veux-tu dire ?

- La liberté, répondis-je. En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c'est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saura habiter ai!leurs que dans cette cité (...). Or (...) n'est-ce pas 1e désir insatiable de de ce bien, et l'indifférence pour tout le reste, qui change ce gouvernement et le met dans l'obligation de recourir à la tyrannie ? (.. ). Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s'enivre de ce vin pur au delà de toute décence; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie (...). Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l'air de gouvernés et les gouvernés qui prennent 1'air de gouvernants. N'est-il pas inévitable que dans une pareille cité l'esprit de liberté s'étende à tout ? (...). Qu'il pénètre, mon cher, dans l'intérieur des familles, et qu'à la fin l'anarchie gagne jusqu'aux animaux ? (..). Or, voici le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu'ils rendent l'âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à moindre apparence de contrainte ceux-ci s'indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais plus s'inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n'avoir absolument aucun maître.

- Je ne le sais que trop, répondit-il.

- Eh bien ! mon ami, c'est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie ».



La tyrannie d'aujourd'hui, ainsi née de la vieille démocratie, c'est la société de consommation : une tyrannie sans maître, dont l'apparence et l'originalité sont les cerbères. Les publicités géantes sur les murs sont les nombreux portraits dont les dictateurs ornaient les murs de la cité. Je me sens révolté chaque fois que j'aperçois, m'étant égaré dans un surpermarché Carrrefour, ce slogan imparable, ornant fièrement le dos de chaque employé de la sainte maison : "puis-je vous aider à consommer?" Je parlais plus haut de dictature ; bienvenue au palais.



Dès lors, croire que la branchitude - le groupe inconnu dont trois mp3 circulent sur la toile et que seules 22 personnes connaissent - est une lutte contre ce régime n'est pas absurde, c'est naïf. Les mêmes armes, utilisées non plus pour la possession mais pour l'orgueil : la guérilla n'utilise-t-elle pas les mêmes balles que l'armée régulière, fût-ce au nom d'autres idéaux? La diffusion via blogs a ses charmes, prions qu'elle demeure modeste.

J'ai trouvé par hasard cette version en français d'Anarchy in the UK, tirée d'une vieille BO. Et je vous abandonne sur ce.

PS : La bonne nouvelle sans rapport, c'est que Caubère va venir taper début janvier l'intégrale de "l'homme qui danse" sur Marseille et que moi je serai dans la salle. Et vous?

3 Comments:

Blogger soleilpremier said...

et bien moi non, je ne serai absolument pas dans la salle pour voir ce gros con de Caubère

bisous

10:21 AM  
Blogger totagata said...

whaaa le mec !! Les arguments en or !! Bon, ça fait rien, ça fait rien : je te raconterai tout de toute façon sur le blog :-)

4:26 PM  
Blogger soleilpremier said...

argumenter argumenter tout de suite les grands mots. et puis argumenter sur Caubère???!!!

enfin j'arrête là j'ai pas envie de me disputer loin de là mon idée

j'attends avec impatience la suite des carnages

bisous

11:37 AM  

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