lundi, janvier 23, 2006

Bruxelles, Barbara et vrac



Petit reste d'une virée à Bruxelles.

La plupart des chansons de Brel prennent une densité, une lucidité inattendue quand on fréquente un peu attentivement les rues de Bruxelles. Ses bourgeois se cachent toujours derrière les portes de belles auberges, cernés de boiseries et de tableaux de petits maîtres. Les paumés du petit matin remontent à 5h la Toison d'Or en griffant les murs, tandis que Jeff et son poteau dorment saoûls sur le quai de la station Louise. Les prolos 2006 se serrent dans le tramway jaune et bleu, la vie moderne reprend son cours pour une nouvelle journée. C'est le Tango funèbre. Mine de rien.

Rebelote. J'ai déjà passé pas mal de temps à chercher des vieux restes de la période "chanteurs à textes", qui s'étire entre 1950 et 1965. Planquée sur des disques noirs. Vautrée sous une pile de vieux bouquins. Je me suis ainsi constitué un petit folklore à moi, des cafés-concert de Montmartre aux caves enfumées à la Brassens. Indices de rien, réservés aux initiés... La photo noir et blanc d'une amie qui se marre en compagnie de Colpi et Picasso. Le plaisir de recroiser le piano de l'Ecluse en question, sur lequel tapotèrent tout autant Barbara, Ferré ou le Gainsbarre jeune (lequel piano dort anonyme sous les annuaires au bistrot Le Vert anglais à Montpellier, si ça vous chauffe).



Bruxelles, c'était cette fois l'occasion de chercher sur Ixelles et quelques alentours les traces de la belle dame en noir, qui y avait ouvert il y a 50 ans une petite salle, sans grand succès par ailleurs. Barbara, c'était d'abord une écriture exceptionnelle, féminine en diable. La beauté de ses textes reste aujourd'hui intacte et c'est toujours une vraie baffe de les redécouvrir. Pour les thèmes, on y rencontre en priorité la nostalgie, ainsi que le bel amour (jamais mièvre, jamais plat, jamais déteint) ou la difficulté de vivre. Que des choses humaines, quoi.

Elle greffait sur le baratin une voix longtemps magnifique, qu'elle a cependant perdue peu à peu (sans doute l'un des drames majeurs de sa vie) et ses derniers albums ne laissent guère pressentir le timbre cristallin qu'elle connaissait à vingt ans. La félicité des premiers albums n'est d'ailleurs guère plus approchée aujourd'hui que par une Juliette en verve.

Je vous confie un chef d'oeuvre, qui s'appelle Drouot. On peut le trouver et ça s'écoute la nuit. Suite du voyage la prochaine fois.

5 Comments:

Blogger soleilpremier said...

La Nostalgie...Camarade...La Nostalgie...Camarade!!!Snif, j'en ai les larmes aux yeux.Qu'est ce qu'on peut être passéiste dans ce pays. Tiens je vais me reprendre un peu de Chips à l'Ancienne (c'est bien connu il faisait des super bonnes chips nos grands parents!!!)
allez biz

8:11 AM  
Blogger totagata said...

les vieilles sucettes ont souvent plus de goût, c'est connu ;-)

5:38 PM  
Blogger soleilpremier said...

oui et c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleurs soupes. T'en veux d'autres des citations à la con comme çà???
allez biz

8:01 AM  
Blogger soleilpremier said...

mes excuses mec, je viens juste d'apprendre qu'henri colpi est mort.l'ayant rencontré personnellment à deux ou trois reprises chez l'amie en question dans ton texte, je m'en veux un peu de cracher dans ta soupe nostalgique et j'écrase véritablement et ma gueule et une larme
biz

9:45 PM  
Blogger Seidrik said...

superbe émotion... Barbara... depuis, il n'y a pas mieux... jonlage entre nostalgie et mélancolie... Elle savait causer la Dame !
Merci pour ce partage.

3:25 AM  

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