dimanche, mars 26, 2006

les voyages des amis

Mine de rien, belle course. CPE au programme ( jetez un oeil à ce propos chez maître Eolas), lectures diverses, prépa de cours, déchirer la sale monotonie de l'existence avec de bonnes dents.



Les récits d'un ami récemment rentré d'Inde et du Népal m'ont transporté ce mois-ci bien loin de Marseille. Drôle de voyage, d'ailleurs : infoutu de savourer un beau paysage, les récits des latitudes lointaines ne m'intéressent souvent que par les aperçus d'une vie autre qu'ils trimballent, balancée deci delà, en contrebande, au coin des phrases. Apercevant sur la photo un buffle au milieu d'une ruelle perdue de Bénares ou d'Amritsar, je me surprends bientôt à rêvasser sur les embouteillages de rien que le bestiau doit parfois causer. De là je passe aux taxi-mens galopant à travers la ville, avant d'échouer dans un temple résonnant dans le soir des mantras des fidèles.
Le pittoresque parait souvent immobile, figé dans le temps. On croit que ça dort. Conneries. La vie est , drapée dans ces plis.



Du coup, je suis allé cogner cette semaine sur les quotidiens exotiques. Comment est-ce que l'on se torche au milieu des montagnes en Afghanistan ? C'est le genre de questions que l'on ne se posait pas et dont on trouvera l'indispensable réponse dans le photographe de Guibert et Lefèvre, avec dedans du vrai voyage raconté. Le premier tome est consacré au transit vers l'Afghanistan de 1986, sur les pas d'une expédition humanitaire. Le second décrit le quotidien du photographe en question une fois arrivé, c'est-à-dire au milieu d'un hôpital de campagne. Le texte prend la gorge par moments. C'est bien foutu, mêlant le trait de Guibert - qui est au top depuis la guerre d'Alan - et les photos noir et blanc du dit Lefèvre. Paraît qu'il existe maintenant un volume 3. Faut voir : pour l'instant, ça volait très haut.

Même ligne, carrément de l'autre côté ( vers l'ouest, toujours à l'ouest !), je me suis dégotté un américain haut en couleur, vétéran de Newsweek, pour revisiter en deux petits volumes rouges et la France, et les USA. Tout y passe : les syndicats, la bouffe, les feux rouges et Tocqueville. C'est poilant à mort, ça vous colle la loupe au ras de l'oeil, c'est brillant et enlevé ; ça se vend bien, d'ailleurs. Ce type est un génie.



Tocqueville, qui n'était pas la moitié d'un démocrate, avait produit quelques belles lignes sur les Etats-Unis de son temps. Mais il avait aussi essayé vers la fin du bouquin de tirer un portrait de l'amérique à venir : ça causait moeurs et despotisme, pour l'essentiel. L'extrait est . Bizarrement je trouve que ça ressemble fort à notre France début de siècle. Et vous ?

Dieu sait pourquoi, ça me fait penser au bouquin récemment sorti de BHL sur les Etats-Unis. Le livre ne vaut pas un clou, à ce qu'il parait. Par contre, Bernard-Henri nous avait balancé un magnifique bouquin sur Baudelaire, il y a déjà longtemps. Celui-là, je vous en parlerai prochainement.

On va finir le verbe haut et le swing au pied, avec un excellent générique de manga, le tank de cow-boy bebop. C'est beau comme la BO d'un vieux James Bond. On respire, on s'accroche.