Punk is dead
J'ai passé une bonne partie de ma jeunesse à tenter fébrilement de ne pas penser comme tout le monde (je n'ai pas trop réussi, mais j'ai quand même essayé longtemps).
Ce curieux principe avait des origines multiples : lectures brouillonnes, chansons punk, sottise alentours... Je vivais ma vie sans moi, l'esprit ailleurs. J'enfilais de la biographie comme on prend le métro, me laissant tirer de station en station, sans vraiment compter les arrêts, le nez plongé dans un bouquin. Reprenant pied parfois, je ne prenais garde alors qu'à refuser, à "penser contre" et ce, contre quoi que ce soit. Le punk était ainsi pour moi une posture, tout comme la volonté : c'était le refus, ou plutôt la transgression. Le refus de tout.
Je ne suis plus vraiment punk aujourd'hui. Les quelques derniers que je croise encore dans les rues m'exaspèrent même, depuis que j'ai remarqué n'en rencontrer désormais dans le sud QUE dans les villes riches, comme Montpellier ou Aix. Marseille est par exemple singulièrement pauvre en keupons - sinon le quartier de la Plaine, mais ce n'est plus vraiment Marseille déjà. L'attitude punk me parait aujourd'hui stérile, presque complaisante, comme une colère inutile par essence. Le rock est une valeur de droite, après tout. En bref, faut trouver autre chose.
Pour moi, il me reste l'esprit volatil et le goût du refus, mais je ne supporte plus les convictions dégagées ou les retraits de la vie politique. 2002 aurait du balancer un électrochoc dans la vie politique du pays, genre engagement de chacun : c'est le contraire qui s'est produit, c'est-à-dire l'apparition d'un mélange d'individualisme méfiant et de crainte passive devant les forces politiques en présence. Déjà une résolution molle se fait jour : il y aura forcément au second tour un candidat de la droite dure, seul apte à tenir un discours cohérent sur la sécurité, pardon l'insécurité du pays !! D'autres suivront. Gageons-le, ce sera bientôt le retour de la bonne et juste pensée - celle que l'on attend de nous en haut lieu pour lutter contre le frontalement national, les importations chinoises et les tsunamis. A ne pas confondre toutefois avec la pensée unique vilipendée par notre ministre de l'intérieur.
Le refus pousse sur la norme comme une fleur sur du fumier. La révolte reviendra : il suffit de pousser encore un petit peu la porte, juste un petit peu, comme disait Léo. En attendant, sur les gonds, c'est nous.
Du punk old school, il restera toujours l'héritage, remarquez... les vieilles lunes d'une rage passée. Je vous recase ce soir, histoire de, quelques belles tentatives façon 1980 au menu. En entrée, Master of Ceremony, Gogol face à son public, suivi du Léo des VRP et Pololop des Ludwig von. Cela rappellera leurs belles années à certains. Ceci en éveillera peut-être quelques autres ?
A propos, si vous êtes tentés de votre côté par un coup d'oeil sur le petit monde de la rue - la vraie rue, celle des clodos et de la misère, tapez du côté des Naufragés de Declerck, un livre immense. Attention, c'est brut de décoffrage.