ADN et idéologie
Regardant hier soir un énième épisode des experts, j'ai été une nouvelle fois frappé par leurs multiples recours au test ADN. Vous n'êtes pas non plus sans avoir remarqué ces derniers mois, sinon ces dernières années, la profusion de séries pseudo-scientifiques mettant en scène les médecins légistes, des rats de labos ou encore de putatifs représentants de la police scientifique.
C'est tout d'abord le terme qui m'a frappé, de par sa récurrence. Grâce à mes lointains cours de bio, grâce ausi à wiquipédia, j'ai bien quelques connaissances de l'acide désoxyribonuécléique. Je doute néanmoins que tout spectateur de cette série, ainsi que des voisines NCIS et autre FBI porté disparu se mette en peine d'entretenir ces connaissances à ce sujet pour suivre leurs intrigues. C'est d'ailleurs inutile : le but est d'immerger le spectateur en question au sein de spécialistes pour lui donner l'illusion qu'il est lui-même un spécialiste. On ne l'éduque pas, on l'initie. On l'assimile.
L'anecdote récente survenue à propos du vol du scooter du fils Sarkozy m'a cependant apporté quelques informations supplémentaires. Chacune de ces analyses vaudrait près de 500€ - ce qui explique la réticence ordinaire des juges et policiers à en ordonner systématiquement. Soit ça revient moins cher aux USA, soit on nous baratine quant à la profusion des analyses insérée dans tout scénario de police scientifique digne de ce nom... Chemin faisant, j'ai aussi rencontré ce petit article sur les rapports entre savants et justice. Au fond, c'est toujours rigolo de se rappeler en chemin qu'une science ne se délimite que rarement au sillon qu'on lui avait dévolu.
Je reviens une dernière fois à mon principe d'assimilation. Montesquieu voyait trois principes majeurs conduisant les divers gouvernements. La peur conduisait le despotisme ; l'honneur menait l'aristocratie et la monarchie ; la liberté enfin était l'idéal démocratique. Nous sommes en train de dépasser le principe démocratique, notamment par la dépossession progressive de nombre de nos droits et responsabilités. Tocqueville, qui ne voyait pas, quant à lui, que des avantages dans la démocratie, avançait l'expression de despotisme doux, au sujet de l'état démocratique abouti et de ses multiples règles. Nous y sommes peut-être. Ce qui apparait en filigrane dans les experts, c'est le recours à un nouveau principe - peut-être hérité d'Auguste Comte : la vénération de la science. On oublie pour partie le liberté et ses choix pour lui préfèrer la rigueur scientifique, son vocabulaire abscons et ses concepts sans faille. La vérité ressemblerait à cela, selon Gil Grissom.
Recherche de l'immuable. C'est pourtant mal connaitre la science.
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